Le mot peut paraître technique, voire anodin. Pourtant, le “carding” est à l’origine de milliers de fraudes à la carte bancaire chaque année. Ce type d’escroquerie, discret mais dangereux, touche de plus en plus de particuliers, souvent sans qu’ils s’en rendent compte immédiatement. Comment fonctionne cette arnaque numérique ? Pourquoi est-elle en plein essor ? Et surtout, que peut-on faire pour s’en protéger ? Décryptage d’une menace qui ne cesse de s’adapter aux usages en ligne.

Un mode opératoire simple et efficace

Le principe du carding est relativement basique : il consiste à utiliser des données de cartes bancaires volées – parfois achetées sur le dark web, parfois récupérées via du phishing – pour effectuer des achats en ligne. Les cybercriminels testent ensuite ces données, souvent en faisant de petits paiements (moins de 10 €) sur des sites peu surveillés. Si l’opération passe inaperçue, la carte est alors utilisée pour des achats plus importants, ou revendues à d’autres fraudeurs.

Ce type de fraude est d’autant plus redoutable qu’il s’appuie sur des moyens technologiques de plus en plus avancés : robots automatisés pour tester des milliers de cartes, logiciels de dissimulation, services de blanchiment numérique. Le tout souvent orchestré via des groupes organisés.

Comment savoir si l’on est victime de carding ?

La majorité des victimes ne s’en aperçoivent qu’au moment où leur banque les alerte, ou lorsqu’un prélèvement suspect apparaît sur leur relevé de compte. Le carding ne passe pas toujours par un piratage massif : il peut aussi résulter d’un simple paiement sur un site mal sécurisé, ou de l’utilisation d’un Wi-Fi public.

Certains signes doivent alerter : des paiements minimes et répétés, des transactions dans des devises inhabituelles, ou encore des achats effectués sur des sites à l’étranger auxquels vous n’avez jamais accédé.

Les bons réflexes à adopter au quotidien

Pour limiter les risques de carding, certaines précautions sont essentielles. La première consiste à éviter de stocker ses coordonnées bancaires sur des sites marchands, même réputés. Ensuite, mieux vaut privilégier l’usage de cartes bancaires virtuelles à usage unique, proposées par la majorité des banques et néobanques. Ces cartes virtuelles génèrent un nouveau numéro de carte pour chaque transaction, ce qui rend toute réutilisation impossible.

Il est également recommandé de toujours vérifier que l’adresse du site commence bien par “https”, de ne jamais saisir ses données bancaires sur un site redirigé ou mal traduit, et d’éviter les connexions non sécurisées, comme les bornes Wi-Fi gratuites.

Pourquoi les cartes virtuelles sont un vrai rempart

L’une des meilleures armes contre le carding reste la carte bancaire virtuelle. De nombreuses banques françaises – comme BNP Paribas, La Banque Postale, Crédit Mutuel ou Boursorama – proposent ce service, parfois gratuitement. Il permet de générer, via une application, un numéro de carte éphémère valable pour une seule transaction ou une courte période. Même si ce numéro est intercepté, il devient rapidement inutilisable.

Cette solution est particulièrement efficace pour les achats ponctuels sur des sites peu connus ou étrangers. Elle permet aussi de rassurer les utilisateurs qui hésitent à commander en ligne à cause des risques de fraude.

Le rôle croissant de l’authentification forte

Depuis l’entrée en vigueur de la directive européenne DSP2, les achats en ligne sont de plus en plus souvent soumis à une double authentification : code SMS, validation via une app bancaire, empreinte biométrique… Cette mesure renforce considérablement la sécurité, mais ne suffit pas à elle seule à enrayer toutes les formes de carding, notamment celles basées sur des données déjà compromises.

C’est pourquoi il est essentiel de combiner ces mesures avec une vigilance permanente et l’usage des outils mis à disposition par les banques.

De plus en plus de Français découvrent avec stupeur que leurs coordonnées bancaires ont été utilisées sans leur accord. Et bien souvent, ils n’ont aucune idée de la manière dont elles ont été récupérées. Le carding prospère sur notre insouciance numérique, mais il est possible de reprendre le contrôle. En adoptant quelques réflexes simples – comme l’usage systématique de cartes virtuelles, la vérification des relevés bancaires et la prudence lors des paiements – on peut grandement réduire les risques. À l’heure où les arnaques se multiplient en ligne, la meilleure défense reste encore l’information.